Cité Blanche Gutenberg

Cité Blanche Gutenberg

Nous, les petits parisiens

Nous venions à peine de sortir des bidonvilles, ces univers détachés du territoire communal -composés de baraquements- où l’insalubrité se conjuguait à la misère omniprésente, que l’un des plus hauts dignitaires de l’Etat (Jacques Chaban-Delmas, Premier Ministre) nous baptisait « les enfants du bonheur ».

 

Nul d’entre nous ne pouvait imaginer que cette « bénédiction » de circonstance allait contribuer à accélérer, encore plus rapidement, notre intégration dans le paysage local.

 

En effet, en l’espace de quelques semaines, nous les pouilleux, nous les enfants de la Casbah (en référence à Alger la blanche), on nous appelait -désormais- les parisiens.

 

Mais quelle était donc l’origine de cette nouvelle dénomination ?

 

Le Petit Parisien est un ancien journal français, édité à près de deux millions d’exemplaires vendus à la fin de la première Guerre mondiale. Le quotidien est racheté à la fin du dix-neuvième siècle par Jean Dupuy. En 1904, le nouveau propriétaire crée sa propre usine de fabrication de papier qu’il décide d’implanter à Nanterre sur le site actuel des papeteries de la Seine, dite aussi Papeterie du Petit Parisien.   Mais ce n’est qu’en 1917 qu’est officiellement créée la société des Papeteries de la Seine, dite aussi Papeterie du Petit-Parisien.

 

 Usine des papeteries de la Seine

 Journal « Le Petit Parisien

1876-1944

 

Au fil des années, les terrains présents autour de l’usine furent acquis par les Papeteries auprès d’entrepreneurs de carrières très présents sur ce secteur. Sur l’une de ces parcelles foncières (n° 75 du plan cadastral, située entre la rue de Bezons et la rue Doucet), fut édifiée -en 1971- la cité Gutenberg.

 

De l’autre côté de la rue de Bezons, on recensait une autre étendue de terre en friche appartenant aux Papeteries entre 1950 et 1971 (parcelle n° 77, située entre la rue de Bezons et l’avenue de la République). Cette parcelle, que tout le monde appelait « le champ » ou « la parisien » nous servait quotidiennement de terrain d’expression voire même parfois d’exploration et d’expérimentation : cueillettes de baies sauvages, de feuilles d’aneth (bessbass), ramassage d’escargots (boubouches) les jours de pluie, construction de cabanes, aménagement d’un terrain de foot, espaces de pratiques mécaniques, lieu d’entrainement pour les pompiers…  

 

 https://static.blog4ever.com/2012/04/692207/artfichier_692207_1493983_201211264020802.jpgDe part et d’autre de la rue de Bezons

à gauche la Cité Gutenberg, à droite le champ

 

 

Partie de football acharnée et interminable

 

Alors qu’il aura fallu treize ans à Jean Dupuy (1904 - 1917) avant d’imprimer son journal dans l’usine de Nanterre, Nous, « les enfants de la pouillerie », il nous aura fallu moins de quelques semaines pour nous faire adopter de « parisiens », telle était l’appellation des habitants de la cité blanche.

 

Et dire que quarante ans plus tard, on nous parle encore d’intégration !!!

 

 

Mohamed SELMET



26/11/2012
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